24 Novembre 2010

Les carbonates semblent résister au Soleil sur Mars

D’après les résultats de l’expérience UVolution, menée dans l’espace et soutenue par le CNES, les carbonates résisteraient aux UV solaires. Une découverte de taille pour la planète Mars puisque ces minéraux ne se forment qu’en présence d’eau et de certaines bactéries.

24 novembre 2010

Les carbonates résistent aux ultraviolets

« Certains scientifiques avançaient que l’on ne trouvait pas ou peu de carbonates à la surface de Mars parce qu’ils avaient été détruits par le rayonnement UV. Or, notre expérience, menée pour la 1ere fois dans l’espace, démontre le contraire », avance Hervé Cottin, astrochimiste au LISA (1).

Les carbonates sont des roches calcaires qui ne se forment qu’en présence d’eau liquide.

Autre particularité : certains de ces minéraux sont fabriqués par des organismes vivants primitifs comme des bactéries.

Retrouver des carbonates à la surface de Mars confirmerait donc la présence d’eau à l’état liquide et éventuellement celle d’une vie passée.

« Des carbonates avaient déjà été exposés aux UV en laboratoire mais jamais dans des conditions réalistes. On a donc installé quelques échantillons de carbonates, d’origine abiotique (2) et biologique, à bord du module BIOPAN, sur la capsule russe FOTON qui gravite à 300 km d’altitude », explique Hervé Cottin.

« Après 12 jours d’exposition au rayonnement UV solaire, l’expérience UVolution a été renvoyée sur Terre. Et les analyses d’échantillons, couplées à des expériences en laboratoire, ont montré que les carbonates n’avaient pas bougé » se souvient Hervé Cottin. Aucune raison, a priori, de ne pas trouver de carbonates sur Mars.

Des minéraux révélateurs d’eau et de vie

Autre question que se posaient les chercheurs : si l’on trouvait des carbonates à la surface de Mars, serait-il possible de connaître leur origine ? Autrement dit, serait-il possible de savoir s’ils ont été synthétisés par des bactéries il y a des milliards d’années ?

« On sait que les carbonates d’origine biologiques se dégradent, sous certaines conditions, aux alentours de 850°C alors que les carbonates abiotiques ne se dégradent qu’à 900°C lors d’expérience de pyrolyse, témoigne Fabien Stalport, astrobiologiste au LISA. Et au cours de l’expérience UVolution, on a montré que les carbonates exposés aux UV conservaient cette signature biologique. »

« En imaginant que l’on trouve des carbonates à la surface de Mars - et on commence à en trouver localement -, il suffirait par exemple de chauffer les échantillons récoltés dans un four pour savoir s’ils ont été produits par des bactéries », se projette déjà Hervé Cottin.

En attendant que des robots martiens récoltent les précieux minéraux, une nouvelle expérience, baptisée PSS (3), va être menée à bord de la Station spatiale internationale en 2012.

Et, cette fois-ci, la résistance des carbonates sera mise à l’épreuve du rayonnement UV solaire pendant 1 an et demi.

 

 

 

(1) Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques à Paris et Créteil (Universités Paris-Est Créteil, Paris Diderot, UMR 7583 CNRS, IPSL).
(2) Issus de processus physico-chimiques, et non biologiques.
(3) Photochemistry on the Space Station.

Voir aussi