1 Août 2019

[Lune] Comment la France est engagée dans la nouvelle course à la Lune

Le CNES est partie prenante de nombreux projets d’exploration lunaire dans le cadre de l’ESA ou par des partenariats directs avec les autres nations spatiales.
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La Lune vue depuis l'ISS. Crédits : ESA/NASA

50 ans après Apollo 11, l’exploration lunaire suscite à nouveau un engouement international, au point que l’on parle de nouvelle course à la Lune, en référence à la compétition qui a opposé par le passé Américains et Soviétiques pour la conquête de notre satellite. Mais le contexte a bien changé depuis la Guerre froide, quand seuls les Etats-Unis et l’URSS avaient la volonté politique et les moyens d’envoyer des engins sur la Lune. 

Ces 2 acteurs historiques ont été rejoints par la Chine qui, depuis les années 2000, déploie le programme Chang’e. Après Chang’e-3 qui a posé un rover sur le sol lunaire, Chang’e-4 a frappé les esprits début 2019 en atteignant pour la 1re fois la face cachée de la Lune. Et la trentaine de missions lunaires actuellement en projet émanent de pays et d’acteurs de plus en plus divers.

Une longue tradition de coopération internationale

Pour les acteurs historiques comme pour les nouveaux entrants, l’enjeu est à la fois d’asseoir leur statut de puissance spatiale et de renforcer leur maîtrise technologique, dans l’optique de préparer des missions plus lointaines.

Si les Etats-Unis et la Chine disposent des moyens d’agir de façon autonome, la plupart des missions lunaires habitées s’envisagent en coopération entre agences spatiales et avec des industriels et startups privés

Francis Rocard, responsable Programme d’exploration du Système solaire au CNES. 

La France possède une longue tradition de coopération internationale dans le domaine de l’exploration, amorcée dès les 1res missions américaines et soviétiques vers la Lune. Elle est aujourd’hui au travers du CNES est au sein de l’ESA impliquée dans plusieurs projets. « La stratégie de l’ESA, comme celle de la France, consiste à participer et à coopérer à des missions ou projets d’initiatives tierces ou à être complémentaires de celles-ci », précise Jean Blouvac, responsable Programme Exploration et Vol habité au CNES.

La mission chinoise Chang'e-4. Crédit : CNSA

Le programme E3P de l’ESA

La participation de la France à ces projets internationaux s’inscrit d’abord dans cadre du programme Enveloppe Européenne d’Exploration (E3P) de l’ESA.

Celui-ci prévoit une contribution à la future station orbitale lunaire : Lunar Orbital Platform-Gateway (LOP-G) à l’horizon 2022, initiative de la NASA qui associera également la Russie, le Japon et le Canada. Le CNES et ses partenaires industriels et scientifiques pourraient contribuer notamment aux modules de service ESM (European Service Module) des futurs vaisseaux américains Orion, ainsi qu’au module ESPRIT de LOP-G destiné notamment aux télécommunications de la station. L’ESA coopère par ailleurs à la mission russe Luna-Resurs par la fourniture d’une foreuse et prépare à plus long terme l’atterrisseur lourd HERACLES avec le Japon et le Canada pour la collecte et le retour d’échantillons à partir de la station LOP-G. 

L’ESA a également développé un concept de « village lunaire », qui consisterait à installer une base internationale permanente au pôle Sud de la Lune. Cette initiative est pour l’heure davantage de l’ordre de la réflexion collective que d’un projet précis. Elle a pour but d’anticiper les technologies à développer et à exploiter ainsi que les éventuels partenariats internationaux à mettre en œuvre. Le CNES y participe comme à l’ensemble de la réflexion internationale sur l’exploration lunaire et son occupation éventuelle.

Accords bilatéraux

Parallèlement à ces programmes européens, le CNES développe des coopérations directes avec des partenaires internationaux. C’est ainsi qu’un accord franco-chinois signé au printemps 2019 prévoit l’intégration d’une expérience française à la mission Chang’e-6, prévue en 2023-2024.

Les projets à l’étude actuellement portent essentiellement sur des instruments de surface visant à aider la collecte d’échantillons réalisée par l’atterrisseur chinois. Seule certitude, du fait de l’échéance relativement proche, l’expérience ne devra pas nécessiter un temps de développement long. L’instrument français devra aussi être efficace : il aura 2 jours pour collecter 2 kg d’échantillons au sol et jusqu’à 2 m de profondeur.


Avec la NASA, une coopération de longue date dans l’exploration spatiale

Si la France n’était pas directement engagée dans Apollo, des scientifiques français ont participé à l’analyse d’échantillons lunaires collectés en 1969 et 1972. Par la suite, le CNES a fourni un système de compression d’images au programme américain Clementine (1994), qui avait pour mission de réaliser une cartographie complète de la Lune. Mais dans les dernières années, c’est surtout dans le domaine de l’exploration martienne que la coopération bilatérale a été fructueuse. Le CNES apporte son expertise à plusieurs programmes emblématiques de la NASA, en particulier les missions martiennes Curiosity, InSight, actuellement sur la planète rouge et Mars 2020 qui sera lancée en juillet 2020.

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