25 Juin 2020

[Biodiversité] Au Centre spatial guyanais, la faune sauvage se porte bien

Dans le cadre d’un partenariat avec le CNES, l’OFB étudie la faune terrestre dans les forêts du Centre spatial guyanais. Un suivi scientifique qui confirme la richesse de cet espace de 700 km2 exceptionnellement préservé.

Le CSG n’est pas seulement le port spatial européen. Il abrite aussi, sur plusieurs centaines de kilomètres carrés, une forêt préservée dans laquelle vivent de nombreuses espèces animales. Cette riche faune sauvage fait depuis 2012 l’objet d’un suivi scientifique réalisé par l’Office français de la biodiversité (OFB, jusqu’en 2019 l’ONCFS) dans le cadre d’une convention avec le CNES. 

Pour mesurer l’impact des lancements, nous devons fournir des informations sur le milieu naturel et la biodiversité au CSG. Nous avions en particulier l’obligation de réaliser l’étude d’état initial de la faune la plus complète possible. L’ONCFS, qui effectuait déjà des suivis par ailleurs, nous a proposé de travailler sur la zone.

Sandrine Richard, expert sénior environnement au CSG.

Du côté de l’OFB, cette vaste zone naturelle facilement accessible offre en effet un site d’étude particulièrement intéressant, ajoute Cécile Richard-Hansen, chargée de recherche et d’expertise au sein de l’UMR EcoFoG : « Le CSG constitue un site de référence de zone de forêt littorale préservée de la chasse en Guyane. C’est une opportunité dans le cadre de nos études sur la grande faune terrestre dans les différents types de forêts. » 

Pièges photo et colliers GPS

Le programme de recherche a évolué au fil des années. Dans un premier temps, il a consisté en un inventaire de la biodiversité terrestre au moyen de pièges photo, avec un ciblage particulier sur le tapir, puis sur le jaguar et le puma.

Nous avons besoin de données de base pour améliorer la gestion de ces espèces. Avec ce système, nous avons pu identifier les individus, évaluer les densités, étudier les domaines vitaux, les rythmes reproducteurs.

Cécile Richard-Hansen.

L’équipe de recherche s’est ensuite intéressée au pécari à lèvres blanches, une espèce à l’abondance très fluctuante en Guyane mais dont les pièges photos avaient détecté la présence régulière sur le site. « Pour la 2e convention, nous avons accentué les études sur cette espèce, avec des cages de capture pour marquer les animaux et leur mettre des colliers GPS. Cela nous a permis de collecter des données qui sont une 1ere pour la Guyane, et parmi les 1eres au niveau amazonien. Nous avons aussi continué le suivi des jaguars et des pumas », poursuit la chercheuse. La 3e convention, qui démarre cette année, s’oriente pour les 3 prochaines années vers de nouvelles espèces : le hocco, un oiseau terrestre très chassé, la biche rouge, la biche des palétuviers. Elle se complétera d’une étude sur le régime alimentaire de certains grands mammifères. 

Un milieu naturel en bonne santé

Dans le cadre du partenariat, le CNES finance ces recherches à hauteur de 60%, en prenant en charge notamment les coûts de fonctionnement et les frais de matériel (appareils photo, balises…). Ces études apportent une vision scientifique de l’état de la biodiversité, qui permettent une meilleure gestion des activités spatiales respectant le milieu naturel et les animaux qui y vivent. « Depuis le début du programme, une quantité énorme d’animaux ont été observés, plus de 80000 photos prises. La diversité des animaux, la présence de toute la chaîne alimentaire, le fait que la faune soit en bonne santé sont des signes que le milieu naturel se porte bien au CSG, conclut Sandrine Richard. L’impact de nos activités est localisé, c’est qu’avaient déjà montré les études physico-chimiques. »

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A lire, CNESMAG n°84

Pour prolonger la thématique, vous pouvez lire en ligne gratuitement, le nouveau  CNESMAG. Au sommaire de ce numéro 84 : « Biodiversité : le temps de la résilience ». Vous y comprendrez comment la communauté spatiale se mobilise pour documenter, cartographier et observer la biodiversité, partout sur le globe. Parce que le temps de l'alerte a cédé la place à celui de l'action, le CNES se mobilise aujourd'hui pour accompagner la résilence des territoires.